RESTAURATION DE LA TABLE MARQUETEE D'EPOQUE CHARLES X
Pour le compte du Dr J. à Rueil-Malmaison

Le dessus en chêne de cette table à volets s'est fendu sur toute la longueur entrainant avec lui le placage de palissandre et de citronnier. L'intervention structurelle réside en deux points :

- consolider le bois massif et littéralement vérouiller la fente à l'aide de deux cales de chêne, collées en fil perpendiculairement à celui du bois du dessus et placées en applique sous celui-ci. Elles doivent être d'une épaisseur inférieure aux traverses de façade, pour ne pas géner le fonctionnement des tiroirs (PHOTO 2 et 3).

- reconstituer toute la matière manquante et complèter le motif de marqueterie. Pour ce faire, l'efficacité des résines d'aujourd'hui alliée à la coloration de terres naturelles, permettent de combler cette dégradation par coulage, de manière bien plus durable que tout collage de pièce rapportée. Le motif sera entaillé (à la loupe !) puis rempli avec une autre résine à la couleur appropriée (PHOTO 1).

La vétusté du vernis et principalement cette intervention, appelent un décapage, ponçage et vernis au tampon de l'ensemble, qui va remettre en valeur le jeu des bois contrastés.

Le vernis au tampon doit s'appliquer en plusieurs couches organisées en "tournée" de tamponnée (PHOTO 4) qui sont espacées par des temps de séchage et un égrainage minutieux (resurfacage avec un papier de verre au grain très fin).
Ce travail à la main s'effectue à l'aide d'un tampon en mèche de lampe à pétrole ou bien en laine, entouré d'une toile à vernir (PHOTO 5, il est posé sur le bocal de tampon). On y dose le vernis gomme laque blonde décirée (PHOTO 5, burette du milieu), allongé de quelques razades ajustées d'alcool à 95° (PHOTO 5, burette de droite) et l'on applique le tampon ainsi chargé sur la surface à vernir, en décrivant des boucles comme les spires d'un ressort. Pour réguler la diffusion du mélange vernis-alcool, l'utilisation d'huile de lin est salutaire.

Majoritairement plaqué en palissandre, un bois aux pores très creux, ce meuble aura nécessité deux tournées de remplissage à la poudre de pierre ponce et alcool, deux tournées pour le charger, c'est-à-dire le monter en épaisseur, une couche de finition pour le tendre et le peaufiner. Enfin, une tournée "d'éclaircissage" pour éliminer la pellicule d'huile qui servait d'agent de glisse et ainsi débarrasser le vernis du voile qu'il constituait.

Chacune de ces couches dure entre deux et trois heures. Les règlages entre les différents ingrédients varient en fonction de la chaleur et de l'hygrométrie ambiantes. Ils évoluent dans leurs proportions entre le début et la fin de chaque tournée ainsi que d'une tournée à l'autre...
 
 
 
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